De nouvelles pistes de recherche pour traiter l’autisme ont émergé ces dernières décennies. Certaines d’entre elles ont permis d’étudier les effets de certains médicaments susceptibles d’atténuer les troubles autistiques tandis que d’autres s’attachent à comprendre les mécanismes génétiques ou les liens avec le microbiote intestinal.
Quelles sont les différentes pistes étudiées ? Quelles perspectives peuvent-elles offrir dans la prise en charge des TSA ?
I/ Les pistes de recherche médicamenteuses
On a longtemps utilisé des médicaments antipsychotiques pour diminuer les troubles du comportement chez les autistes tel que la rispéridone (commercialisé sous le nom de Risperdal). Cependant, ces molécules présentent de nombreux effets secondaires.
Voici certains des dangers potentiels liés à l’utilisation de médicaments antipsychotiques chez les personnes autistes :
- Effets secondaires indésirables : Les médicaments antipsychotiques peuvent entraîner une série d’effets secondaires indésirables, notamment la prise de poids, la somnolence, la constipation, la sécheresse buccale, la sédation, la dyskinésie tardive (mouvements involontaires), des troubles métaboliques et des troubles hormonaux. Ces effets secondaires peuvent avoir un impact significatif sur la qualité de vie de la personne autiste.
- Augmentation du risque de problèmes de santé : L’utilisation à long terme de médicaments antipsychotiques, en particulier chez les enfants et les adolescents, peut augmenter le risque de développer des problèmes de santé tels que le diabète de type 2, des troubles lipidiques, des problèmes cardiaques et des problèmes hormonaux, ce qui peut avoir des conséquences à long terme sur la santé.
- Absence de traitement de fond : Les antipsychotiques ne traitent généralement que les symptômes spécifiques ciblés, tels que l’agressivité ou les comportements perturbateurs, sans traiter les causes sous-jacentes de l’autisme. Cela signifie que, bien que ces médicaments puissent aider à gérer certains comportements, ils ne guérissent pas l’autisme lui-même ni n’adressent les besoins de développement de la personne. Il est à noter que les antipsychotiques ne traitent pas les causes des troubles mais se contentent seulement de bloquer la capacité du cerveau à réagir. Ainsi la personne autiste continue de souffrir mais n’a plu la capacité de le montrer rendant à plus ou moins long terme le médicament de moins en moins efficace nécessitant ainsi des doses toujours plus importantes pouvant mécaniquement augmenter les effets secondaires.
- Besoin de suivi médical étroit : L’utilisation de médicaments antipsychotiques chez les personnes autistes nécessite un suivi médical étroit pour surveiller les effets secondaires et ajuster la posologie. Un suivi régulier est essentiel pour minimiser les risques pour la santé.
- Alternatives thérapeutiques : De nombreuses thérapies comportementales et éducatives sont considérées comme des approches plus sûres et plus efficaces pour le traitement de l’autisme, en particulier chez les enfants. Ces thérapies visent à enseigner des compétences sociales et comportementales, à améliorer la communication et à aider les individus autistes à s’adapter à leur environnement.
Il est important de noter que l’utilisation de médicaments antipsychotiques chez les personnes autistes doit être soigneusement évaluée par un professionnel de la santé, en tenant compte des bénéfices potentiels par rapport aux risques. Dans de nombreux cas, les médicaments antipsychotiques ne sont utilisés que lorsque d’autres approches thérapeutiques ont échoué ou lorsque les symptômes présentent un danger immédiat pour la personne autiste ou son entourage. Les familles et les personnes autistes doivent discuter en profondeur des options de traitement avec leur équipe médicale pour prendre des décisions éclairées.
Secours autisme se positionne clairement contre l’utilisation des antipsychotiques en dehors des situations d’urgence avec risque de mise en danger immédiat car ils ne constituent pas un véritable traitement de l’autisme. De plus en cas de prise nous préconisons la mise en place d’un protocole de sortie de traitement.
La mélatonine est également fréquemment employée pour réduire les troubles du sommeil. Celle-ci présente l’avantage d’être beaucoup mieux tolérée par l’organisme puisqu’il s’agit d’une hormone de synthèse fabriquée par l’organisme. De plus, en améliorant la qualité du sommeil chez les autistes elles est susceptible de réduire les troubles du comportement liés à la fatigue.
Plusieurs médicaments font l’objet de recherches en cours pour évaluer leur potentiel dans le traitement de l’autisme. Parmi ces médicaments, l’ocytocine et le bumétanide suscitent un intérêt particulier. L’ocytocine, par exemple, est une hormone qui joue un rôle dans la régulation des comportements sociaux et de l’attachement. Des études ont examiné l’effet de l’ocytocine sur l’amélioration des compétences sociales et la réduction des comportements répétitifs chez les personnes autistes, bien que les résultats ne soient pas encore concluants. Le bumétanide, quant à lui, est un diurétique qui a montré un certain potentiel pour réduire l’excès de chlore dans les cellules du cerveau, ce qui pourrait avoir un impact sur l’excitation neuronale et les symptômes de l’autisme. Cependant, il convient de noter que ces médicaments sont encore en phase de recherche, et leur efficacité et leur sécurité doivent être établies par des études cliniques rigoureuses avant de pouvoir être largement recommandés comme traitement de l’autisme.
II/ Recherches génétiques
Les découvertes génétiques sur l’autisme ont considérablement évolué ces dernières années, contribuant à une meilleure compréhension des bases génétiques de ce trouble neurodéveloppemental. Voici quelques-unes des découvertes les plus importantes dans ce domaine :
- Hérédité complexe : L’autisme est un trouble génétiquement complexe, ce qui signifie qu’il n’est pas causé par une seule mutation génétique, mais plutôt par une combinaison de facteurs génétiques. Des études ont montré qu’il existe une prédisposition génétique à l’autisme, avec des risques plus élevés chez les membres de la famille de personnes autistes.
- Mutations de novo : Les mutations de novo sont des mutations génétiques qui se produisent spontanément dans l’œuf ou le sperme, conduisant à des changements dans le génome de l’enfant qui ne sont pas présents chez les parents. Ces mutations de novo ont été identifiées dans de nombreux cas d’autisme et sont considérées comme l’une des principales causes de l’autisme.
- Gènes impliqués : Plusieurs gènes ont été identifiés comme étant liés à l’autisme. Parmi les plus connus, on peut citer les gènes CHD8, SCN2A, SHANK3, TSC1, TSC2, et FMR1. Ces gènes jouent un rôle dans le développement neuronal, la connectivité synaptique et d’autres processus biologiques liés au cerveau.
- Variation génétique : L’autisme est associé à une grande variabilité génétique, ce qui signifie qu’il peut résulter de mutations différentes dans différents individus. Cette variabilité explique en partie la diversité des symptômes et des caractéristiques observés chez les personnes autistes.
- Facteurs de risque environnementaux : Bien que la génétique joue un rôle important dans l’autisme, il est de plus en plus reconnu que des facteurs environnementaux, tels que l’exposition à des toxines pendant la grossesse, peuvent interagir avec la prédisposition génétique pour augmenter le risque d’autisme.
- Hétérogénéité de l’autisme : L’autisme est un spectre, ce qui signifie qu’il existe une grande variabilité dans la manière dont il se présente chez les individus. Cette hétérogénéité est également reflétée dans les découvertes génétiques, car différentes mutations peuvent conduire à des profils de symptômes divers.
Ces découvertes génétiques ont ouvert la voie à une meilleure compréhension de l’autisme en tant que trouble complexe résultant de l’interaction entre la génétique, le développement cérébral et l’environnement. Elles ont également permis de développer des approches de traitement plus ciblées et de fournir des informations précieuses pour la recherche sur l’autisme. Cependant, il convient de noter que l’autisme reste un domaine de recherche actif, avec de nouvelles découvertes génétiques et des avancées continues dans notre compréhension du trouble.
III/ Les pistes de recherche environnementales
Les pistes environnementales étudiées en ce qui concerne l’autisme visent à comprendre comment des facteurs environnementaux peuvent influencer le développement du trouble. Bien que la génétique joue un rôle significatif dans l’autisme, il est de plus en plus reconnu que des facteurs environnementaux peuvent également contribuer à son apparition. Voici quelques-unes des pistes environnementales explorées dans la recherche sur l’autisme :
- Exposition prénatale :
- Infections maternelles : Certaines études ont suggéré que des infections maternelles pendant la grossesse, comme la grippe ou la rubéole, pourraient augmenter le risque d’autisme chez l’enfant à naître.
- Médicaments : L’utilisation de certains médicaments pendant la grossesse, tels que le valproate (utilisé pour l’épilepsie), a été associée à un risque accru d’autisme chez l’enfant.
- Facteurs environnementaux pendant l’enfance :
- Polluants environnementaux : L’exposition à des polluants environnementaux, tels que les métaux lourds (plomb, mercure) et les produits chimiques (comme les pesticides), a suscité des inquiétudes quant à leur rôle potentiel dans le développement de l’autisme.
- Troubles gastro-intestinaux : Les problèmes gastro-intestinaux sont fréquents chez les personnes autistes, et des recherches examinent comment les déséquilibres microbiens intestinaux et les réactions alimentaires pourraient influencer les symptômes autistiques.
- Stress maternel :
- Le stress maternel pendant la grossesse a été étudié en relation avec l’autisme. Des niveaux élevés de stress, en particulier pendant les premiers stades de la grossesse, pourraient contribuer au risque d’autisme.
- Nutrition :
- Les carences nutritionnelles pendant la grossesse et la petite enfance ont été explorées pour leur possible lien avec l’autisme. Certains chercheurs se penchent sur l’importance des acides gras oméga-3, des vitamines et des minéraux dans le développement neurologique.
- Âge parental :
- Des études ont suggéré que l’âge avancé des parents, en particulier des pères, pourrait être lié à un risque légèrement accru d’autisme chez l’enfant.
- Facteurs psychosociaux :
- Des recherches ont exploré comment le contexte psychosocial, y compris le soutien social, les traumatismes, l’exposition à la violence et les expériences de vie de la famille, pourrait influencer le développement de l’autisme.
Il est important de noter que ces pistes environnementales ne sont pas des causes uniques de l’autisme, mais plutôt des facteurs de risque potentiels qui peuvent interagir avec des prédispositions génétiques pour contribuer au développement du trouble. L’autisme reste un trouble complexe, et la recherche se poursuit pour mieux comprendre comment les facteurs génétiques et environnementaux interagissent pour influencer son apparition et sa présentation clinique.
IV/ La recherche sur le microbiote intestinal
Des recherches récentes se sont penchées sur le lien potentiel entre l’autisme et le microbiote intestinal, ce qui a suscité un intérêt croissant dans le domaine de la neurologie et de la gastro-entérologie. L’une des théories en cours d’étude suggère que des déséquilibres dans le microbiote intestinal pourraient contribuer aux symptômes de l’autisme. Plus précisément, certaines études ont mis en lumière la possibilité que des micro-organismes intestinaux atypiques puissent produire des peptides opioïdes, des composés qui ont la capacité d’interagir avec le système nerveux central. Ces peptides opioïdes peuvent potentiellement affecter le comportement et la cognition. Cependant, il convient de noter que la recherche sur ce sujet est encore en cours et que les mécanismes précis de cette interaction complexe ne sont pas encore complètement compris. Il est important de poursuivre ces investigations pour déterminer si des interventions ciblant le microbiote intestinal pourraient avoir un impact positif sur les symptômes de l’autisme, bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires avant de pouvoir tirer des conclusions définitives dans ce domaine.
V/ Recherche sur le CBD
La recherche sur l’utilisation du CBD (cannabidiol) pour traiter l’autisme est encore à un stade préliminaire, mais elle suscite un intérêt croissant en raison des propriétés potentiellement bénéfiques du CBD pour certains symptômes associés à l’autisme. Le CBD est l’un des composés actifs extraits de la plante de cannabis, mais il ne produit pas d’effets psychotropes, contrairement au THC (tétrahydrocannabinol).
Certaines études préliminaires et des témoignages anecdotiques suggèrent que le CBD pourrait aider à réduire l’anxiété, l’agressivité, les comportements répétitifs et améliorer la qualité du sommeil chez certaines personnes autistes. Cependant, il est important de noter que la recherche est limitée en taille d’échantillon et en rigueur méthodologique, ce qui signifie que les résultats ne sont pas encore définitifs.
Les défis actuels de la recherche sur le CBD et l’autisme comprennent la nécessité de mener des études cliniques de grande envergure, bien contrôlées et randomisées pour évaluer son efficacité et sa sécurité de manière approfondie. De plus, il est essentiel de comprendre les mécanismes biologiques sous-jacents à l’autisme et la manière dont le CBD pourrait interagir avec ces mécanismes.
En résumé, bien que les premières études suggèrent que le CBD pourrait avoir un potentiel pour aider à atténuer certains symptômes de l’autisme, des recherches plus approfondies sont nécessaires avant de pouvoir recommander son utilisation comme traitement standard. Les personnes ou les familles intéressées par le CBD pour l’autisme devraient consulter un professionnel de la santé pour discuter des avantages potentiels, des risques et des approches de traitement appropriées.
Conclusion :
La recherche progresse pas à pas mais il faudra encore beaucoup de temps avant de comprendre tous les mécanismes liés à l’autisme. Ce qui est certain c’est que les pistes notamment environnementales et sur le microbiote intestinal nous renseigne un peu plus chaque jour sur ce qu’est véritablement l’autisme et nous permet de le considérer non plus comme un trouble psychiatrique mais bien comme une maladie avec des origines biologiques variées selon les individus.
Bonjour, je souhaiterais connaitre les sources de vos données merci beaucoup