De nombreuses personnes autistes sont également affectées par la dyspraxie, un trouble de la coordination motrice. Ce trouble rend les gestes fins, comme écrire, découper ou s’habiller, particulièrement difficiles à exécuter. Pour ces personnes, le développement des compétences de motricité fine représente un enjeu crucial dans leur quête d’autonomie, car ces gestes sont indispensables à l’accomplissement des tâches quotidiennes. Dans cet article, nous allons explorer différentes stratégies et activités permettant de renforcer la motricité fine chez les personnes autistes tout en tenant compte de leurs besoins spécifiques.
1. Comprendre la dyspraxie et ses impacts sur la motricité fine
La dyspraxie est un trouble qui affecte la capacité de planifier et de coordonner des mouvements fins et précis. Les enfants et les adultes autistes qui en sont atteints éprouvent des difficultés avec les tâches demandant une certaine dextérité, comme manipuler des objets, écrire, boutonner une chemise, ou encore utiliser des couverts.
Exemples concrets des difficultés : un enfant dyspraxique peut mettre beaucoup plus de temps que ses pairs pour attacher ses lacets, boutonner un manteau, ou encore écrire son prénom. Ce retard dans l’exécution des tâches fines entraîne souvent frustration et manque de confiance en soi.
Cette difficulté dans la réalisation des tâches de motricité fine a un impact direct sur leur autonomie. Un enfant autiste dyspraxique pourrait avoir besoin d’une aide quotidienne pour s’habiller, se nourrir ou écrire à l’école, ce qui peut être frustrant pour l’enfant comme pour son entourage. Cependant, avec des exercices et des activités adaptées, il est possible d’améliorer ces compétences motrices essentielles, permettant ainsi aux enfants autistes de gagner en autonomie.
2. Activités pour développer la motricité fine
Il existe un grand nombre d’activités et d’exercices qui peuvent aider à améliorer la motricité fine chez les enfants autistes, en les rendant amusants et engageants. Il est important de diversifier les types d’activités pour permettre aux enfants de travailler différentes facettes de la motricité fine, tout en stimulant leur intérêt et leur plaisir.
Jeux de manipulation
- Blocs de construction (Lego, Kapla) : Construire des structures avec des blocs développe non seulement la créativité mais aussi la dextérité des doigts. Les petits mouvements précis nécessaires pour empiler ou ajuster les blocs améliorent la coordination œil-main, tout en favorisant la prise et le relâchement contrôlé des objets. Ces jeux encouragent aussi la concentration et la planification.
- Pâte à modeler et argile : Manipuler ces matériaux souples permet de renforcer la force des doigts et la souplesse des mouvements. Ces activités demandent également de la précision, surtout lorsqu’il s’agit de créer de petits détails. La manipulation de matériaux comme la pâte à modeler aide à stimuler la perception tactile et améliore la capacité à doser la force appliquée.
Exercices de préhension et manipulation d’objets
- Pinces et pinces à épiler : Utiliser des pinces pour attraper de petits objets comme des grains de riz ou des billes est un excellent exercice pour développer la force des doigts et la précision. Cet exercice améliore la capacité de préhension et renforce la pince pouce-index, essentielle pour écrire ou manipuler des objets du quotidien.
- Perles à enfiler : Enfiler des perles sur un fil demande de la concentration et une excellente coordination œil-main. Cela travaille également la dextérité des doigts et aide à développer la patience et la persévérance. Des fils plus épais ou des perles plus larges peuvent être utilisés au début, avant de passer à des perles plus petites pour augmenter la difficulté.
Activités créatives et ludiques
- Dessin et coloriage : Ces activités aident à améliorer le contrôle des gestes tout en travaillant sur des lignes précises et des mouvements plus fluides. Tenir un crayon, le déplacer avec précision sur une feuille, colorier dans des limites précises sont autant de gestes qui renforcent la motricité fine tout en développant la coordination visuo-motrice.
- Couture et broderie : Ces activités demandent une grande précision et peuvent être introduites progressivement pour renforcer les compétences motrices fines tout en valorisant la patience et la concentration. Le fait de guider une aiguille dans un tissu travaille à la fois la coordination œil-main, la concentration et la capacité à utiliser la main dominante et non dominante.
3. Activités supplémentaires pour varier les apprentissages
Jeux de tri et de classement
- Tri de formes et de couleurs : Proposer aux enfants de trier des objets selon leur forme ou leur couleur aide non seulement à travailler la motricité fine en manipulant de petits objets, mais cela développe aussi leur capacité à catégoriser et leur discrimination visuelle. Par exemple, des jeux comme classer des boutons de tailles ou de couleurs différentes permettent d’intégrer l’apprentissage visuel tout en travaillant la motricité.
- Puzzles en trois dimensions : Manipuler des pièces pour les assembler demande une grande précision et une bonne coordination des gestes. Les puzzles en trois dimensions apportent un défi supplémentaire car ils nécessitent de visualiser et d’assembler des pièces dans l’espace, ce qui contribue à améliorer la perception spatiale.
Jeux de motricité fine à visée éducative
- Utilisation de ciseaux : Découper avec des ciseaux adaptés aux enfants autistes est une excellente activité pour travailler la coordination bi-manuelle et la précision des gestes. Commencer par découper des formes simples, puis des lignes plus complexes, permet de progresser graduellement tout en renforçant la confiance.
- Jeux de lacing (enfilage de lacets) : Lacer des chaussures, coudre des trous avec un lacet sont des activités qui demandent de la concentration et la capacité à manipuler un objet fin dans des espaces réduits. Ces activités renforcent la motricité fine tout en travaillant la planification et la patience.
4. Adapter les activités aux besoins des autistes
Il est essentiel de proposer des activités adaptées aux capacités et aux besoins spécifiques des enfants autistes pour maximiser leur efficacité tout en évitant toute forme de frustration. Voici quelques points clés à prendre en compte pour optimiser ces activités :
- Environnement sensoriellement apaisant : De nombreux enfants autistes sont sensibles aux stimuli sensoriels. Il est donc important de créer un environnement calme, avec peu de distractions visuelles ou sonores, afin qu’ils puissent se concentrer pleinement sur leurs activités de motricité fine.
- Adapter les activités à l’âge et au développement de l’enfant : Les exercices doivent être adaptés à la capacité de l’enfant. Par exemple, utiliser des blocs de construction plus gros au début, ou des crayons ergonomiques pour aider à tenir correctement le crayon. Les activités doivent être suffisamment difficiles pour encourager les progrès, mais pas trop pour éviter la frustration.
- Encourager et récompenser : Les enfants autistes peuvent parfois perdre leur intérêt ou se sentir frustrés par les activités de motricité fine. Il est important de maintenir une atmosphère positive, avec des encouragements réguliers et des récompenses pour les progrès réalisés, aussi petits soient-ils. Par exemple, un tableau de progression peut être utilisé pour visualiser les accomplissements de l’enfant.
5. Le rôle de l’accompagnement professionnel et familial
Le soutien des professionnels, comme les ergothérapeutes et les psychomotriciens, est souvent indispensable pour développer les compétences de motricité fine. Ces experts peuvent évaluer les besoins spécifiques de chaque enfant et proposer des exercices adaptés. Les séances en cabinet ou à l’école permettent de suivre les progrès de manière régulière, et d’adapter les objectifs en fonction des compétences acquises.
Les parents, enseignants et accompagnateurs jouent également un rôle essentiel dans ce processus. Ils peuvent inclure des activités de motricité fine dans le quotidien de l’enfant, en veillant à ce que ces activités restent plaisantes et motivantes. Par ailleurs, l’utilisation d’outils spécifiques comme des crayons ergonomiques, des supports adaptés pour écrire ou des objets à textures variées peut rendre ces exercices plus accessibles et efficaces.
L’introduction d’outils pédagogiques tels que des fidgets (objets à manipuler) ou des bandes de résistance pour les exercices peut également être bénéfique pour travailler la motricité tout en s’amusant. L’objectif est de créer un environnement stimulant et encourageant, où l’enfant peut progresser à son propre rythme.
Conclusion
Le développement des compétences de motricité fine est un enjeu majeur pour l’autonomie des personnes autistes, particulièrement celles touchées par la dyspraxie. Grâce à des activités adaptées, un environnement sensoriellement apaisant et le soutien bienveillant de professionnels et de la famille, il est possible d’aider les personnes autistes à améliorer leur coordination motrice et ainsi à acquérir une plus grande autonomie dans leur quotidien. Chaque progrès, aussi petit soit-il, représente une avancée vers plus d’indépendance et de confiance en soi.