L’autisme, un trouble neuro-développemental complexe et diversifié, affecte la manière dont une personne perçoit, comprend et interagit avec le monde qui l’entoure.
Parmi les nombreux défis auxquels sont confrontés les individus autistes, la communication tient une place centrale.
La capacité à s’exprimer, à comprendre les autres et à établir des liens sociaux constitue un élément fondamental pour leur épanouissement.
Dans ce contexte, le babillage et la vocalisation jouent un rôle prépondérant.
Ils sont les premières pierres d’un édifice communicationnel solide.
Les progrès dans ces domaines ne sont pas seulement un signe encourageant du développement de l’enfant autiste, mais ils sont également cruciaux pour déverrouiller d’autres aspects de la communication. Pourtant, le babillage et la vocalisation ne sont qu’un des douze prérequis essentiels à la communication chez les personnes atteintes de l’autisme dont nous avons déjà abordé un grand nombre comme l’imitation et le jeu symbolique, le tour de rôle ou les prérequis visuels.
I/ L’importance du babillage et des vocalisations chez les autistes
Le babillage et les vocalisations revêtent une importance cruciale dans le développement de la communication chez les personnes autistes.
Pour beaucoup d’entre elles, ces premiers pas vers l’expression orale sont le fondement sur lequel se construit un langage plus élaboré.
Le babillage représente une tentative de l’enfant ou de l’individu autiste de produire des sons et de découvrir sa propre voix.
Il s’agit d’une étape préliminaire qui stimule la motricité bucco-faciale, favorise la coordination musculaire, et aide à développer une sensibilité aux sons.
Les vocalisations, même lorsqu’elles sont non verbales, sont essentielles pour établir un lien entre les émotions et les sons, permettant ainsi à la personne autiste de communiquer ses besoins, ses sentiments, et de partager des expériences avec son entourage.
Ils posent ainsi les bases de la communication verbale et non verbale, ouvrant la voie à des interactions plus riches et significatives.
Les encourager et les soutenir à ce stade du développement peut avoir un impact durable sur la communication future de l’individu autiste.
Le babillage et les vocalisations sont des prérequis essentiels pour l’émergence du langage oral chez les personnes autistes, et ce pour plusieurs raisons cruciales :
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Développement moteur et oral : Le babillage implique l’utilisation des muscles du visage, de la bouche et de la gorge. Cela contribue au développement des compétences motrices nécessaires à la production des sons du langage. Lorsque ces muscles sont renforcés et coordonnés grâce au babillage, l’individu est mieux préparé pour produire des mots et des phrases.
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Exploration et découverte : Le babillage est une forme d’exploration sonore et vocale. Les personnes autistes apprennent à travers l’expérience, et en émettant des sons, ils explorent les possibilités de leur appareil vocal. Cela leur permet de comprendre comment produire différents sons et de découvrir les nuances de leur propre voix.
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Sensibilisation auditive : Les vocalisations, même s’il s’agit de simples cris ou de babils, favorisent la sensibilisation auditive. Les personnes autistes apprennent à écouter les sons qu’elles produisent, ce qui est essentiel pour développer la discrimination auditive nécessaire à la compréhension et à la reproduction des sons du langage.
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Expression des besoins et des émotions : Les vocalisations initiales servent souvent à exprimer des besoins fondamentaux tels que la faim, la douleur ou le mécontentement. Cette capacité à communiquer des besoins élémentaires renforce la motivation à développer le langage, car elles comprennent que les mots peuvent également être des outils pour s’exprimer et obtenir ce qu’elles veulent.
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Interaction sociale : Les vocalisations permettent d’engager des interactions sociales précoces. Les proches peuvent répondre aux vocalisations de l’enfant autiste, créant ainsi un lien entre les sons et les réponses des autres. Cela favorise le développement des compétences sociales et encourage la communication.
En résumé, le babillage et les vocalisations sont les premiers pas vers l’acquisition du langage oral chez les personnes autistes. Ils constituent une phase cruciale de développement qui prépare le terrain pour la communication verbale plus complexe. Encourager et soutenir activement ces compétences préliminaires est donc essentiel pour favoriser le développement ultérieur de la communication chez les individus autistesI
II/ Comment soutenir l’émergence du babillage et des vocalisations chez l’enfant et l’adulte autistes
Favoriser l’émergence du babillage et des vocalisations chez les personnes autistes, qu’elles soient des enfants en bas âge ou des individus plus âgés, nécessite une approche personnalisée et bienveillante. Voici quelques astuces et prises en charge qui peuvent être bénéfiques :
L’imitation : Encouragez l’imitation en modélisant les sons et les vocalisations. Montrez à l’individu autiste comment produire différents sons en utilisant votre propre voix.
Utilisation de renforçateurs : Identifiez les intérêts et les motivations spécifiques de la personne autiste et utilisez-les comme renforçateurs. Si elle montre un intérêt pour un objet ou une activité particulière, encouragez les vocalisations en les associant à cette source de motivation.
Communication alternative : Explorez des moyens alternatifs de communication, tels que les tableaux de communication ou les applications de communication assistée. Cela peut aider à réduire la frustration et à encourager la communication, y compris les vocalisations.
Soutien en orthophonie : Consulter un orthophoniste peut être particulièrement bénéfique. Les professionnels de la parole et du langage peuvent élaborer des programmes de thérapie personnalisés pour encourager les vocalisations et développer des compétences linguistiques.
Encouragement positif : Utilisez le renforcement positif pour récompenser les tentatives de babillage et de vocalisation. Cela peut inclure des éloges, des récompenses tangibles ou des activités préférées.
Communication multimodale : Encouragez l’utilisation de gestes, de signes ou de pictogrammes en parallèle avec les vocalisations. Cette approche multimodale peut faciliter la communication tout en réduisant la pression sur la parole.
Environnement adapté : Créez un environnement propice à la communication en réduisant les distractions et en utilisant des supports visuels pour aider à comprendre les attentes et les routines.
Patience et persévérance : Comprenez que le progrès peut être lent et variable d’une personne à l’autre. La patience et la persévérance sont essentielles pour soutenir le développement des vocalisations.
Communication non verbale : Soyez attentif aux signaux non verbaux de la personne autiste, tels que le langage corporel et les expressions faciales. Ces signaux peuvent aider à comprendre ses besoins et ses émotions.
Incorporer les intérêts : Intégrez les intérêts spécifiques de la personne autiste dans les activités de communication. Créez des opportunités d’apprentissage qui suscitent son enthousiasme.
En utilisant une combinaison de ces approches adaptées aux besoins individuels, il est possible de favoriser l’émergence du babillage et des vocalisations chez les autistes, qu’ils soient jeunes ou plus âgés. Chaque petit progrès représente une étape vers une communication plus fluide et efficace, contribuant ainsi à améliorer leur qualité de vie et leur interaction avec le monde qui les entoure.
Voici quelques exemples d’exercices simples qui peuvent être pratiqués à domicile pour aider les personnes autistes à développer le babillage et les vocalisations :
Chants et comptines : Chantez des chansons simples et répétitives avec des gestes correspondants. Les enfants autistes peuvent être attirés par la musicalité des chansons, ce qui peut encourager le babillage et la vocalisation.
Miroir vocal : Tenez-vous devant un miroir avec la personne autiste. Imiter les mouvements de la bouche et des lèvres peut être une manière amusante d’encourager la vocalisation.
Jeux de miroir vocal : Assis en face de la personne autiste, prenez des tours pour émettre des sons simples, des syllabes ou des cris. Attendez ensuite que la personne imite les sons que vous avez faits.
Utilisation de jouets sonores : Offrez des jouets qui émettent des sons lorsque la personne les manipule. Encouragez-la à appuyer sur des boutons ou à actionner des leviers pour produire ces sons.
Jeux de sons : Créez un environnement propice aux sons en utilisant des instruments de musique tels que des tambours, des maracas ou des cloches. Encouragez la personne à expérimenter avec ces instruments et à produire des sons.
Imitation de bruits d’animaux : Imitez les bruits d’animaux et encouragez la personne autiste à les reproduire. Cela peut être une manière ludique de développer la vocalisation.
Narration d’activités : Pendant les activités quotidiennes, comme la préparation du repas ou le bain, décrivez à haute voix ce que vous faites. Encouragez la personne à imiter les mots et les sons que vous utilisez.
Jeu de répétition : Faites des séquences de sons ou de syllabes simples et encouragez la personne autiste à les répéter. Vous pouvez augmenter progressivement la complexité des séquences au fur et à mesure de son progrès.
Exploration des émotions : Utilisez des images ou des cartes représentant différentes émotions (heureux, triste, en colère, etc.). Demandez à la personne de choisir une carte et d’exprimer vocalement l’émotion qu’elle représente.
Communication fonctionnelle : Identifiez les besoins ou les désirs de la personne et encouragez-la à vocaliser pour les exprimer. Par exemple, si elle veut un jouet, attendez qu’elle vocalise ou émette un son avant de lui donner le jouet.
Utilisation de supports visuels : Utilisez des images ou des pictogrammes pour représenter des objets ou des activités que la personne aime. Encouragez-la à vocaliser en montrant ou en pointant vers ces images.
Récompenses : Utilisez des renforçateurs positifs tels que des éloges, des câlins ou des petits cadeaux lorsque la personne autiste émet des vocalisations. Cela renforcera son désir de communiquer verbalement.
L’important est d’adapter ces exercices aux intérêts et aux besoins spécifiques de la personne autiste, de maintenir une atmosphère positive et ludique, et de célébrer chaque progrès, aussi petit soit-il. La constance et la patience sont essentielles dans le processus de développement du babillage et des vocalisations.
En conclusion :
Il est possible d’influencer sur les capacités d’oralisation des autistes par des exercices intensifs et réguliers favorisant tout d’abord l’apparition du babillage et des vocalises, précurseurs des mots puis des phrases. Ce travail nécessite toutefois beaucoup de patience et de persévérance car il peut prendre de nombreuses années en fonction de l’individu.