L’alimentation est un domaine d’intérêt croissant dans le cadre du traitement de l’autisme. De nombreuses familles et professionnels de la santé explorent les régimes alimentaires spécifiques comme moyens potentiels pour améliorer le bien-être et le comportement des personnes autistes. Bien que les recherches soient encore en cours et que les résultats varient, certaines approches alimentaires montrent des promesses et suscitent un intérêt scientifique et clinique.
I/ Le régime sans gluten et sans caséine (SGSC)
Le régime sans gluten et sans caséine (SGSC) est l’un des régimes les plus populaires dans la prise en charge de l’autisme. Ce régime élimine les protéines de gluten (présentes dans le blé, l’orge, l’avoine et le seigle ainsi que leurs dérivés) et de caséine (présentes dans les produits laitiers).
1) Recherche et hypothèses
L’hypothèse principale derrière le SGSC est que certaines personnes autistes peuvent avoir des difficultés à digérer le gluten et la caséine, produisant des peptides opioïdes qui pourraient affecter le cerveau et le comportement. Des études ont montré que certains enfants autistes présentent des niveaux élevés de peptides urinaires dérivés du gluten et de la caséine, suggérant une absorption incomplète de ces protéines.
2) Études et résultats
Des recherches, comme celles menées par Reichelt et ses collègues en Norvège, ont indiqué des améliorations dans le comportement et les compétences sociales chez certains enfants autistes suivant un régime SGSC. Cependant, d’autres études, notamment une revue systématique de Millward et al. (2008), ont conclu que les preuves sont encore insuffisantes pour recommander ce régime de manière générale. Les effets bénéfiques peuvent être observés chez certains enfants, mais des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes sous-jacents et identifier les sous-groupes de patients qui pourraient en bénéficier le plus.
alII/Le régime cétogène
Le régime cétogène est riche en graisses, modéré en protéines et faible en glucides, visant à induire un état de cétose, où le corps utilise les graisses comme principale source d’énergie. Ce régime est couramment utilisé pour gérer l’épilepsie réfractaire, et des études préliminaires suggèrent qu’il pourrait avoir des effets bénéfiques pour certains enfants autistes.
1) Recherche et hypothèses
L’hypothèse est que le régime cétogène peut aider à stabiliser l’activité cérébrale et à réduire les crises d’épilepsie, fréquentes chez les personnes autistes. Les effets neuroprotecteurs et anti-inflammatoires potentiels de la cétose sont également étudiés.
2) Études et résultats
Une étude pilote menée par Evangeliou et al. (2003) en Grèce a montré que le régime cétogène pouvait améliorer les comportements et réduire les symptômes chez certains enfants autistes. Cependant, cette étude avait une petite taille d’échantillon, et les résultats doivent être interprétés avec prudence. Des recherches supplémentaires à plus grande échelle sont nécessaires pour confirmer ces résultats et comprendre les mécanismes impliqués.
III/ Le régime pauvre en oxalates
Les oxalates sont des composés présents dans de nombreux aliments végétaux, comme les épinards, les betteraves et les amandes. Certaines personnes autistes peuvent avoir des difficultés à métaboliser les oxalates, conduisant à des dépôts de cristaux d’oxalate dans le corps, ce qui peut potentiellement exacerber les symptômes autistiques.
1) Recherche et hypothèses
L’hypothèse est que la réduction de l’apport en oxalates pourrait diminuer les dépôts de cristaux dans le corps et le cerveau, réduisant ainsi l’inflammation et améliorant les comportements autistiques.
2) Études et résultats
La recherche sur le régime pauvre en oxalates est encore émergente, et les preuves cliniques sont principalement anecdotiques. Cependant, des témoignages de parents et de praticiens de santé indiquent que certains enfants autistes montrent des améliorations comportementales et de santé générale après la réduction des oxalates dans leur alimentation.
IV/ Le régime paléo et autres régimes à base d’aliments entiers
Les régimes à base d’aliments entiers, comme le régime paléo, privilégient les aliments non transformés, riches en nutriments et excluent les aliments transformés, les sucres ajoutés et les additifs alimentaires. Ces régimes mettent l’accent sur les viandes maigres, les poissons, les légumes, les fruits, les noix et les graines.
1) Recherche et hypothèses
L’idée est que les aliments transformés et les additifs alimentaires peuvent contribuer à l’inflammation et à d’autres problèmes de santé chez les personnes autistes. En consommant des aliments plus naturels et moins transformés, on peut améliorer la santé digestive et réduire les symptômes.
Il convient aussi de dire que d’une manière générale revenir à une alimentation plus naturelle est bénéfique à la totalité de la population et par conséquent ne saurait nuire aux personnes présentant un trouble du spectre autistique.
2) Études et résultats
Bien que la recherche spécifique sur l’autisme et le régime paléo soit limitée, des études sur l’alimentation et la santé générale montrent que la réduction des aliments transformés et des sucres ajoutés peut avoir des effets positifs sur la santé mentale et physique. Des parents et des praticiens rapportent des améliorations dans le comportement et la concentration chez certains enfants autistes suivant un régime paléo ou similaire.
Conclusion
Les régimes alimentaires spécifiques montrent des promesses pour améliorer les symptômes de l’autisme, mais les preuves scientifiques sont encore en développement. Chaque enfant est unique, et ce qui fonctionne pour un peut ne pas fonctionner pour un autre. Il est essentiel de consulter des professionnels de santé avant d’apporter des modifications significatives à l’alimentation. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes par lesquels ces régimes peuvent affecter l’autisme et pour identifier les sous-groupes de patients susceptibles de bénéficier le plus de chaque approche alimentaire.