De nombreux troubles appelés comorbidités peuvent être associés à l’autisme.
Il est essentiel de les détecter le plus rapidement possible dès qu’un diagnostic de TSA a été posé afin d’assurer à l’enfant la meilleure prise en charge.
Ces comorbidités peuvent être classées en plusieurs catégories comme les troubles du sommeil, comportementaux ou psychiatriques. Nous étudierons chacune des catégories concernées point par point.
I/ Les troubles du sommeil
Ils concernent 44 à 86 % des personnes autistes contre 10 à 16 % en population générale. Il peuvent être de plusieurs natures : difficultés d’endormissement, réveils nocturnes, insomnies, terreurs nocturnes.
Les troubles du sommeil affectent la qualité de vie des autistes en particulier des enfants qui ne peuvent se concentrer faute d’un sommeil suffisant. Cela entrave leur capacités cognitives et diminue considérablement l’efficacité des thérapies comportementales et éducatives.
La prise de mélatonine peut aider en cas de difficultés d’endormissement mais on peut également stimuler sa production naturelle par une alimentation riche en L-tryptophane (tel que cela a déjà été évoqué dans l’article traitant du sommeil). L’exposition à la lumière pendant la journée, la diminution des écrans et de la lumière en soirée sont aussi des outils permettant à l’organisme de se préparer au repos.
L’activité physique peut se révéler aussi intéressante afin d’améliorer la qualité du sommeil. N’oublions pas qu’un enfant que l’on fatigue la journée est un enfant qui dort bien.
II/ Les troubles de l’alimentation
La plupart des autistes présentent des difficultés liées à l’alimentation tel que l’hypersélectivité, les intolérances et allergies, les troubles digestifs (qui concernent environ 70 % des autistes).
L’hypersélectivité peut présenter plusieurs aspects : refus de certaines textures (exemple : aliments gras, croquants ou au contraire mous), attirance pour des aliments d’une certaines couleurs, mode de cuisson ou saveur (exemple : sucré). Cette sélectivité est susceptible d’engendrer des carences. Il peut être judicieux de supplémenter régulièrement la personne présentant une hypersélectivité.
Les troubles digestifs sont très souvent la conséquence des intolérances ou allergies des autistes (en particulier le gluten et la caséine). Il peut être souhaitable d’instaurer un régime d’éviction dès qu’on se trouve en présence de signes tels que : diarrhée, constipation, ballonnement, douleurs abdominales.
III/ Troubles de la motricité
Il est souvent constaté des difficultés motrices chez les autistes. Ce peut être un retard dans l’acquisition de la marche, une hypotonie (baisse du tonus musculaire), des difficultés dans la praxie pouvant entraver l’acquisition de l’écriture, une certaine raideur ou de la maladresse.
Une prise en charge en psychomotricité, ergothérapie voire en physiothérapie peut améliorer les troubles moteurs et permettre aux autistes d’augmenter leur qualité de vie.
IV/ Les troubles métaboliques et génétiques
L’épilepsie concerne environ 9 à 32 % des personnes autistes, un pourcentage bien plus élevé qu’en population générale (environ 1 %). Certaines formes d’épilepsie sont par ailleurs difficile à diagnostiquer. C’est le cas par exemple des crises d’absence où la personne a le regard perdu dans le vide. Au moindre doute, n’hésitez pas à faire part de tous les comportements même s’ils vous semblent anodins à votre médecin. Un électroencéphalogramme permettra d’écarter ou de valider la présence d’une épilepsie.
On constate également une prévalence de maladies génétiques chez les sujets autistes comme le syndrome de X-fragile, de Prader-Willi ou d’Angelman.
À noter que le syndrome de Rett longtemps considéré comme faisant partie des troubles du spectre autistique est aujourd’hui classé par le DSM V comme maladie génétique rare.
V/ Troubles comportementaux
On observe chez beaucoup d’autistes en particulier ceux présentant une déficience intellectuelle ou des difficultés de communication des comportements d’agressivité voire d’automutilation.
Cela s’explique par le fait que n’ayant pas accès au langage, ils ne peuvent exprimer leur mal être et tente de le faire par un comportement inapproprié. L’accès à un moyen de communication alternatif et/ou augmenté permet de diminuer ce type de comportement.
On constate également des comportements antisociaux comme le retrait, le manque d’intérêt pour autrui ou des comportement laissant penser que les autistes manquent d’empathie (la personne peut se mettre à rire devant une personne qui pleure).
VI/ Troubles psychiatriques
Le stress, l’anxiété voire la dépression sont des troubles qui touchent fréquemment les personnes autistes. On trouve de manière pratiquement systématique une anxiété dans les situations nécessitant une socialisation.
Les TOC (troubles obsessionnels compulsifs) sont également des manifestations fréquentes. Parmi les tocs on peut citer la trichotillomanie (arrachage des cheveux) ou les stéréotypies (mouvement répétitifs des mains, des pieds, balancement du corps).
On constate aussi des troubles de l’attention, de l’hyperactivité, des troubles bipolaires et des difficultés liées à l’acquisition de la propreté (énurésie, encoprésie) voire des régressions si elle a été acquise précédemment.
Les comorbidités sont nombreuses et il est essentiel de les prendre en compte afin de pouvoir adapter les interventions (qu’elles soient psychologiques ou somatiques) à la personne et lui permettre d’accéder à une vie aussi autonome que possible.