Certaines histoires (comme celle de la petite Iris) nous laisse penser que l’avenir des autistes peut être porteur d’espoir.
D’autres en revanche nous montre que le chemin à parcourir pour une meilleure prise en charge de l’autisme est encore long.
L’histoire d’Alexis Quinn, qu’elle raconte dans son livre « Unbroken », depuis son entrée dans un service psychiatre au Royaume-Uni jusqu’à son évasion au Nigéria en est la preuve.
Découvrons ensemble son histoire.
I/ Les évènements ayant conduit à l’ hospitalisation
La vie d’Alexis Quinn a été plutôt chaotique. Avant son entrée en psychiatrie 6 diagnostics différents lui ont été attribués avec des prescriptions de traitements totalement inadaptés.
À un moment donné elle ne prenait pas moins de 14 comprimés par jour dont des benzodiazépines (substances qui ralentissent l’activité cérébrale), des antipsychotiques (rappelons que l’autisme n’est pas une psychose mais un trouble neurodéveloppemental), du concerta (un médicament prescrit pour les troubles de l’attention et de l’hyperactivité ou TDAH) et de la prométhazine (antihistaminique prescrit pour les démangeaisons d’origine allergique).
La naissance de sa fille et le décès de son frère (qui avaient selon ses propres termes entravés sa structure et sa routine) ont été des éléments qui ont contribué à ce qu’Alexis Quinn lance un appel à l’aide.
Appel qui précipitera son déclin dans un univers maltraitant et inadapté dans lequel elle ne pourra bénéficier du soutien de sa famille.
II/ L’entrée puis l’incarcération d’Alexis Quinn en psychiatrie
C’est au cours de son admission en psychiatrie que le diagnostic d’autisme fut enfin posé. Un diagnostic qui fut au départ une délivrance où Alexis Quinn put enfin comprendre sa différence et l’accepter mais qui se révéla plus tard être l’origine de son enfermement.
Il existe au Royaume-Uni une loi sur la santé mentale permettant de maintenir en détention toute personne dont l’état psychologique est jugé instable. Il est aisé de comprendre que dans un tel cas l’évaluation de cet état est laissé au pouvoir discrétionnaire des médecins des hôpitaux psychiatriques.
Pendant des mois, Alexis Quinn fut à la merci des professionnels de l’hôpital qui changeaient régulièrement (chose qui ne permet pas de créer une routine dont on sait combien elle est rassurante pour les autistes).
Elle avait besoin de compréhension, au lieu de cela l’hôpital s’efforçait de lui marteler que ses réactions étaient mauvaises.
Elle l’affirme aujourd’hui, ce dont elle avait besoin c’est d’un ergothérapeute, d’un orthophoniste et d’un psychologue.
Au cours de son séjour, chaque jour ne la faisait que s’effondrer un peu plus face à la sur-médicamentation, aux contentions et à l’isolement.
Elle a à plusieurs reprises demander la tenue d’une revue de soin et de traitement (nommé CTR ) qui consiste en une réunion où se rassemble l’équipe médical, la personne autiste et un tiers pour discuter de l’intérêt des traitements, des attentes des patients et des possibilités de sortie. Le personnel de l’hôpital lui a simplement refusé ce droit prétextant qu’il ne s’agissait là que d’une « bonne pratique ».
Elle milite actuellement pour que la CTR soit reconnue comme une obligation légale afin que les soins soient faits en partenariat avec les personnes concernées et non plus subis.
III/ L’évasion d’Alexis Quinn
Au total, son séjour en hôpital psychiatrique aura duré 3 ans et demi.
3 ans et demi de souffrance, de contention, d’excès de médicaments inappropriés, de maltraitance institutionnelle.
3 ans et demi qui l’ont poussé à envisager la seule voie possible : s’enfuir.
Aidée d’un médecin généraliste et d’un enseignant, elle a réussi à quitter l’établissement en courant vers leur voiture.
De Douvres, elle a pu prendre un ferry pour la France puis embarqué à bord d’un vol à Roissy Charles de Gaulle pour rejoindre Lagos au Nigéria en transitant par Dubaï.
Elle ne suit actuellement plus aucun des traitements qui lui avaient été imposé lors de son séjour en psychiatrie.
Après 6 semaines où elle s’est reconstruite peu à peu, Alexis Quinn a obtenu un emploi d’enseignante. Cela montre évidemment combien un séjour en psychiatrie est particulièrement inadapté.
Il est cependant consternant de constater que le Royaume-Uni puisse considérer Alexis Quinn comme représentant un danger pour la société puisque la police recherche à la remettre en détention en psychiatrie. Les autistes serait-il considérés pour des criminels potentiels dont la société doit être protégée ?
Son séjour a toutefois laissé des traces qui mettront certainement du temps à s’effacer. Alexis Quinn sursaute dès qu’elle voit des personnes en uniforme, des voitures de police ou qu’elle entend des sirènes. Elle est obligée de séparer toutes ses clés tant le bruit de leur tintement les unes sur les autres lui rappelle l’hôpital.
Alexis Quinn travaille aujourd’hui avec la National Autistic Society pour faire évoluer les choses. Elle a lancé dans cette optique un appel auprès du gouvernement britannique au moyen d’une pétition. Parce que la solidarité doit transcender les frontières, je vous encourage à la signer également. De tels abus pourraient arriver n’importe où.