Deux articles ont déjà traité des 12 prérequis à la communication : le premier consacré à l’imitation et au jeu symbolique le suivant abordant le tour de rôle.
D’autres prérequis revêtent un aspect visuel particulièrement important puisqu’ils permettent pour bon nombre d’entre eux de voir émerger d’autres compétences nécessaires à l’enfant pour établir une communication efficace.
Ces prérequis visuels sont au nombre de 6 :
- le contact visuel,
- l’attention conjointe,
- le pointage
- les similitudes visuelles (parfois appelées catégorisation),
- la permanence de l’objet,
- l’imitation (ce prérequis ayant déjà été abordé dans un précédent article, nous ne le traiterons pas ici).
Quel est leur importance ? Comment les développer chez les enfants autistes ? Quels autres compétences ces prérequis permettent-ils de développer ?
I/ Le prérequis du contact visuel
Il s’agit là d’une compétence très déficitaire chez les autistes. La plupart d’entre eux présentent des difficultés à soutenir le regard d’autrui, ont un regard fuyant. Le contact visuel peut aussi être présent mais inadéquat.
Or de nombreuses informations de communication passe par le regard. Exemple : en regardant son interlocuteur il est possible de déterminer quand il est possible de s’exprimer sans interrompre celui-ci (développement du tour de rôle). L’évitement du regard peut engendrer des malentendus ou rendre la communication plus difficile.
De plus, il s’agit d’une compétence sociale importante dans la société. En effet, celle-ci considère grossier ou antisocial (du moins dans les sociétés occidentales, les sociétés arabes et asiatiques y voyant un manque de respect ou de la provocation) le fait de ne pas regarder son interlocuteur dans les yeux. Certains autistes ont d’ailleurs des stratégies de compensation pour parvenir à établir un semblant de contact visuel.
Les raisons pour lesquelles les autistes présentent des difficultés à établir un contact visuel sont nombreuses. On trouve notamment la surcharge sensorielle que la soutenance du regard d’autrui peut induire, les difficultés à maintenir sa concentration notamment chez les enfants, l’anxiété ou la peur (le regard de l’autre pouvant être perçu comme une agression), le malaise surtout en présence d’une personne inconnue.
À la lumière de ces éléments, il paraît essentiel de ne pas forcer la personne autiste à établir un contact visuel mais plutôt de l’aider à établir ce contact ou à être en mesure d’exprimer le fait que si elle ne regarde pas son interlocuteur cela ne signifie pas qu’elle ne l’écoute. Après tout, dans toute communication c’est bien la capacité d’écoute qui est essentielle et non pas le regard.
Pour l’aider à établir celui-ci, il est souhaitable de recourir au dialogue quand l’enfant est en capacité de comprendre, de lui expliquer pourquoi on attend de lui qu’il soit en mesure de regarder son interlocuteur sans jamais l’y forcer. Pour les autistes verbaux, on tentera d’établir les raisons rendant le contact visuel difficile afin de pouvoir travailler sur ces différents points si cela s’avère possible. Créer un climat de confiance peut s’avérer être un meilleur moyen d’augmenter la capacité de l’enfant à établir un contact visuel.
Toutefois, on ne rendra jamais obligatoire d’établir un contact visuel la communication pouvant s’établir même en son absence.
II/ Le prérequis de l’attention conjointe
L’attention conjointe est la capacité à partager un évènement avec autrui, à maintenir sa concentration sur un objet ou une discussion commun.
Or de nombreux autistes éprouvent des difficultés à maintenir cette concentration en raison de leur intérêts restreints. Ils ressentent alors l’envie de focaliser leur attention sur des sujets qui les intéressent.
L’attention conjointe peut se développer notamment grâce au jeux utilisés pour le développement du tour de rôle.
Prenons l’exemple du ballon lancé à tour de rôle. Il convient d’enseigner à l’enfant qu’avant de lancer le ballon la personne soit prête à le recevoir. Cela peut d’ailleurs favoriser l’émergence du contact visuel.
Pour développer ce prérequis on partira toujours de ce que l’enfant aime faire (cela est d’ailleurs applicable à l’ensemble des enseignements qui doivent être réalisés avec un autiste).
On utilisera aussi des jeux développant l’imitation motrice car il est en effet nécessaire d’être attentif à l’autre pour réaliser le geste à imiter, des jeux de société, de mémory qui sont des jeux très intéressants car ils permettent de maintenir la concentration de l’enfant en faisant appel à sa mémoire et donc de développer à la fois l’attention conjointe, le tour de rôle et les similitudes visuelles mais aussi d’acquérir des connaissances pédagogiques en particulier l’enrichissement du vocabulaire.
III/ Le prérequis du pointage
S’il existe une compétence absolument essentielle pour permettre à l’enfant d’entrer en communication, il s’agit bien du pointage.
En effet, c’est dans un premier temps en montrant ce qu’il veut, ce qu’il voit que l’enfant exprime ses besoins, demande à ce qu’on lui nomme les choses pour accroître son vocabulaire et être capable par la suite de l’utiliser que ce soit par le langage oral ou par un moyen de communication alternatif.
L’enseignement du pointage nécessite cependant que le contact visuel ou tout au moins l’attention conjointe aient été développés préalablement.
Il est possible d’enseigner le pointage en recourant à l’imitation dans un premier temps. On prendra par exemple deux images tout en pointant l’une d’elle en donnant son nom pour inciter l’enfant à la pointer. Dans un deuxième temps, on donnera à l’enfant une instruction pour qu’il pointe l’une des deux images (exemple : « montre-moi la voiture » ou bien « où est le ballon ? »).
Il est essentiel de veiller à montrer le plus de choses possibles à l’enfant afin de favoriser le développement du pointage tout en omettant pas de commenter ce que l’on pointe. Exemple : « C’est papa », « regarde, voilà le chat », « où est maman ? Elle est là ! », …
IV/ Le prérequis des similitudes visuelles
Les similitudes visuelles qui sont également nommées catégorisation sont un prérequis permettant à l’enfant de comparer des objets soit totalement identiques soit rentrant dans la même catégorie.
Ces similitudes structurent la pensée en permettant à l’enfant de comprendre que des objets d’apparence plus ou moins similaires portent le même nom.
Elles permettent d’effectuer un travail de classement, de tri qui améliore la plasticité cérébrale.
Il existe de nombreux jeux permettant de travailler les similitudes visuelles notamment dans la gamme Montessori (pédagogie bénéfique aux autistes dont nous avons déjà traité dans un précédent article).
On citera parmi ces jeux : les cartes d’appariement, de nomenclature, les jeux de tri, les tableaux à double entrée, …
V/ Le prérequis de la permanence de l’objet
Il s’agit là de la capacité de l’enfant à percevoir l’existence d’un objet qui n’est plus dans son champs visuel.
Cette compétence est nécessaire à l’enfant avec d’être capable d’exprimer (que ce soit verbalement ou par un moyen de communication alternatif) ses besoins alors qu’il n’a pas l’objet désiré sous ses yeux.
L’un des moyens le plus facile de développer ce prérequis est le jeu de « coucou-caché » : cachez vous derrière un drap puis enlevez-le en disant : « coucou » (cela pourrait éventuellement encourager l’imitation verbale). Ce jeu peut aussi se réaliser en cachant un objet derrière votre dos, dans un placard, … afin que l’enfant le recherche.
Il existe également des outils sensoriels comme des boîtes à secret où vous pouvez placer des objets divers procurant une sensation sensorielle agréable tout en indiquant à l’enfant un objet qu’il doit retrouver parmi ceux dans la boîte (pour cela vous pouvez aussi donner une carte avec le dessin de l’objet ce qui aura pour effet de travailler dans le même temps les similitudes visuelles).
Il s’agit là de la capacité de l’enfant à percevoir l’existence d’un objet qui n’est plus dans son champs visuel.
Cette compétence est nécessaire à l’enfant avec d’être capable d’exprimer (que ce soit verbalement ou par un moyen de communication alternatif) ses besoins alors qu’il n’a pas l’objet désiré sous ses yeux.
L’un des moyens le plus facile de développer ce prérequis est le jeu de « coucou-caché » : cachez vous derrière un drap puis enlevez-le en disant : « coucou » (cela pourrait éventuellement encourager l’imitation verbale). Ce jeu peut aussi se réaliser en cachant un objet derrière votre dos, dans un placard, … afin que l’enfant le recherche.
Il existe également des outils sensoriels comme des boîtes à secret où vous pouvez placer des objets divers procurant une sensation sensorielle agréable tout en indiquant à l’enfant un objet qu’il doit retrouver parmi ceux dans la boîte (pour cela vous pouvez aussi donner une carte avec le dessin de l’objet ce qui aura pour effet de travailler dans le même temps les similitudes visuelles).
En conclusion
L’importance de ces prérequis est considérable et il est essentiel de les développer chez les autistes afin de faciliter leur autonomie et d’améliorer leur capacité de communication.
Vous trouverez sur jeuludique.com des jeux susceptibles de favoriser leur développement.