L’autisme n’a jamais cessé de faire peur, on peut raisonnablement parler d’un phénomène d’autismophobie.
Malgré les allégations répétées de l’État à vouloir inclure les autistes dans la société, force est de constater que les choses peinent à évoluer.
Les autistes peinent toujours autant à s’insérer dans la société : l’école ne se donne pas les moyens d’accueillir les enfants autistes certains professionnels considérant encore que leur place est dans les établissements médico-sociaux, l’accès aux soins reste encore difficile, les employeurs hésitent trop souvent à recruter un candidat autistes.
Nous nous attacherons dans cet article à comprendre :
- pourquoi les autistes sont encore autant discriminés ?
- quelles sont les mesures qui permettraient aux autistes d’être inclus dignement dans la société ?
I/ Les causes de l’autismophobie
La toute première raison de l’autismophobie est incontestablement l’erreur qui a longtemps perduré sur sa cause.
Le milieu psychanalytique a en effet vu l’autisme comme une psychose dont les mères étaient les responsables.
Cette erreur a malheureusement marginalisé les autistes et les a privé de l’accès à une éducation en milieu ordinaire.
Aujourd’hui malgré la reconnaissance de cette erreur, l’exclusion demeure. Pour beaucoup, les autistes demeurent des fous qu’il faut placer en milieu spécialisé.
L’école considère encore trop que les autistes n’y ont pas leur place, qu’ils ne sont pas capables d’apprendre.
Ce qui nous amène à la deuxième cause d’exclusion des autistes : le manque de formation des personnels éducatifs.
Il faut bien constater que l’Éducation Nationale est à bout de souffle. Les enseignants ne reçoivent déjà plus de formation à la pédagogie dans leur cursus. Dans ces conditions, il est évident que leur connaissance de l’autisme est nulle.
Ceux de bonne volonté et qui souhaitent se former pour accueillir les autistes dans leurs classes sont parfois obligés de le faire à leur frais.
À cela il convient d’ajouter que les classes sont de plus en plus chargées avec parfois des effectifs de plus de 30 élèves et ce dès la maternelle.
Il paraît évident devant ce constat qu’il incombe non pas aux écoles mais à l’État de réformer l’école en profondeur afin de permettre l’inclusion des enfants autistes car sans une éducation suffisante, les autistes ne peuvent accéder au monde du travail. L’inclusion commence en tout premier lieu par l’école.
La troisième cause est que l’autisme reste un trouble encore mal connu bien que l’on sache qu’il existe des causes génétiques et environnementales. La recherche doit encore avancer pour mieux comprendre l’autisme.
Il faut bien constater que ce qui est mal compris fait peur. Les campagnes de sensibilisation n’atteignent malheureusement que les personnes ayant un proche autiste. Le grand public lui ignore encore tellement de choses à propos des troubles autistiques et les préjugés perdurent.
Il faudra encore beaucoup de travail pour faire avancer les choses de ce côté.
II/ Mettre un terme à l’autismophobie : les pistes à exploiter
Le premier chantier est incontestablement celui de la formation.
Il convient dans un tout premier temps de s’assurer qu’aucune formation ne classe l’autisme parmi les psychoses mais bien en trouble du neurodéveloppement.
Cela est essentiel pour qu’une meilleure compréhension de ce trouble puisse se faire dans la société.
Il est inconcevable de pouvoir mettre fin à l’autismophobie si des préjugés persistent à être enseignés dans la moindre formation actuelle.
La formation à l’autisme doit aussi passer par celle du milieu pédagogique. Afin de pouvoir enseigner aux enfants autistes les professeurs doivent connaître leurs spécificités pour être en mesure de leur enseigner efficacement.
La formation des AESH* doit aussi être accentuée et leur statut revaloriser. Il me semble important que ces accompagnants soient de véritables professionnels avec une formation minimale avant de prendre leur fonction. À l’heure actuelle, un nombre encore trop grand d’AESH ne font rien de plus que du gardiennage d’enfant faute de formation suffisante.
Le cas de la Suède (et plus largement celui des pays scandinaves) où l’absence d’insertion sociale des personnes en situation de handicap est considérée comme une maltraitance et une atteinte aux droits civiques est à méditer.
En effet, les institutions y sont totalement inexistantes et les autistes dès le plus jeune âge fréquentent l’école au côté d’enfants ordinaires. Rappelons comme je l’avais déjà évoqué dans l’article sur les meilleures structures pour autistes que le regroupement d’enfants autistes a tendance à accroître leur troubles du comportement par un phénomène de mutualisation.
L’inclusion est le seul levier qui permettra de voir régresser les peurs et préjugés sur l’autisme. Il est temps de mettre fin à l’institutionnalisation si fréquente chez les autistes et de leur donner un avenir aussi autonome que possible.
En commençant par l’école (et ce peut être en finançant des pédagogies alternatives comme Montessori, Freinet, Steiner-Waldorf, …), l’inclusion des adultes autistes n’en sera que facilitée que ce soit dans le monde du travail, la capacité à diriger sa vie (gestion du budget, relation avec les administration, capacité à prendre sa santé en main, …) ou l’autonomie quotidienne (s’alimenter, assurer son hygiène, se divertir, …).
Conclusion
Les étapes pour parvenir à mettre fin à l’autismophobie sont nombreuses. C’est la raison pour laquelle j’ai créé un groupe facebook appelé Autismophobie que je vous invite à rejoindre pour faire part de vos difficultés quant aux prises en charge de vos enfants ou proches autistes, vos attentes en terme de réformes ou bien vos idées pour aider à améliorer la prise en charge de l’autisme en France. Ce groupe je le souhaite aura pour vocation d’inciter les politiques à mettre en œuvre des solutions adaptées pour permettre l’épanouissement et l’inclusion de tous les autistes dans la société.