Nous avons abordé précédemment l’intérêt du régime sans gluten ni caséine et ses bienfaits pour les personnes présentant un trouble du spectre autistique.
Cependant, il existe des cas où ce régime s’avère insuffisant et il s’avère alors préférable d’aborder une approche plus poussée pour obtenir des résultats améliorant le confort digestif, pour réduire les troubles du comportement, améliorer les capacités cognitives ou diminuer le stress psychique ou oxydatif.
Vous étudierons dans cet article quels peuvent être les régimes alimentaires bénéfiques pour les autistes.
I/ Le régime Low FODMAP
Ce régime est destiné à éliminer certains sucres de l’alimentation. Ces sucres sont en effet susceptibles d’irriter la barrière intestinale et de provoquer des troubles tels que de l’hyperactivité.
FODMAP est un acronyme anglais désignant plusieurs types de sucres que nous allons étudier en détail.
Il est essentiel de connaître la composition des sucres afin de pouvoir comprendre la suite du sujet. Un glucide (communément appelé sucre) se divise en oses (molécules composées de carbone) au nombre de 1 (monosaccharides), 2 (disaccharides), 3 ou 4 (oligosaccharides) ou plus.
Étudions à présent la constitution des FODMAP
FO correspond à Fermentable Oligosaccharides (en français les oligosaccharides fermentescibles c’est à dire qu’ils produisent une fermentation au niveau de l’intestin). Ce sont des sucres composés comme nous l’avons vu plus haut de quelques oses (jusqu’à 4) qui se divise en :
– fructo-oligosaccharides (FOS) composés d’une molécule de fructose et d’une de glucose,
– galacto-oligosaccharides (GOS) composés de galactose et de glucose.
Les aliments à éviter dans ce groupe sont : blé, orge, seigle, oignons, poireaux, ail, échalote, artichaut, betterave, fenouil, petits pois, chicorée, pistaches, noix de cajou, lentilles, pois cassés, pois chiches, haricots secs.
Le D désigne les disaccharides (c’est à dire les sucres composés de 2 oses). On y retrouve le lactose contenu dans les produits laitiers.
Pour ce groupe, il convient de proscrire la consommation de lait, fromages frais non affinés et de yaourt.
Le M correspond aux monosaccharides (1 seul ose).
On le retrouve dans les fruits frais et séchés et les produits sucrants.
Les aliments bannis dans cette catégorie sont : les pommes, poires, mangues, cerises, pastèques, figues, kaki, raisin, le sucre raffiné, le miel et le sirop de glucose-fructose.
AP signifie And Polyols qui désignent des édulcorants c’est à dire des sucres qui ont été modifiés par un processus industriels (notamment pour leur apporter un goût susceptible de plaire davantage aux consommateurs).
On y retrouve le sorbitol (E420) synthétisé à partir d’amidon, le mannitol (E421) extrait d’algues marines ou de mélasse, le xylitol (E967) provenant de l’écorce de bouleau, le maltitol (E965) extrait de l’amidon de blé ou de maïs.
Parmi les aliments riches en polyols qui seront évincés on trouve : les abricots, cerises, litchis, longanes (fruits originaires d’Asie), melon d’eau, mûres, nectarines, pêches, poires, pommes, prunes, pruneaux, avocats, champignons, choux fleurs, maïs, pois mange-tout, poivrons verts ainsi que les édulcorants cités précédemment et l’isomalt, le lactitol, l’érithrotol et le polydextrose les produits sucrés, les bonbons, chewing gums et le chocolat sucré.
Vous pouvez retrouver ici une liste d’aliments à privilégier pour la mise en place de ce régime.
Il est à noter que le régime low FODMAP n’est pas un régime d’exclusion définitif des aliments. Il se déroule en effet en trois étapes.
Au cours de la première, on exclura absolument tous les aliments cités précédemment. Cette étape qui dure au minimum deux semaines peut aller jusqu’à deux mois, le temps d’éliminer tous les symptômes intestinaux (ballonnements, constipation, diarrhée, douleurs abdominales).
La deuxième étape est une phase de réintroduction pendant laquelle on réintroduit un à un les aliments afin d’observer lesquels s’avèrent problématiques.
La troisième phase vise à stabiliser le régime en adoptant l’alimentation adaptée à chacun.
II/ Le régime cétogène
Une étude a cherché à évaluer l’impact de trois régimes alimentaires sur les troubles autistiques sur un groupe de 45 enfants âgés de 3 à 8 ans. Chacun des groupes suivait soit un régime cétogène, soit un régime d’exclusion du gluten et de la caséine soit un régime équilibré sans restriction alimentaire (groupe témoin). Les enfants ont subi des tests neurologiques, anthropométriques et d’évaluation de l’autisme avant la mise en place des régimes et 6 mois après.
Les résultats ont montré que les enfants ayant suivi un régime d’exclusion obtenaient de meilleures résultats aux tests que le groupe témoin. Le régime cétogène quant à lui obtenait les meilleurs résultats en terme de cognition et de sociabilité.
En quoi consiste le régime cétogène ?
Il vise à réduire drastiquement les glucides (sucres) pour les remplacer par des lipides que l’organisation utilisera comme source d’énergie.
La réduction de l’apport en glucides provoque dans l’organisme une réaction métabolique appelée « cétose » (d’où le terme de cétogène). Le délai pour que cette réaction s’opère se situe entre 2 et 7 jours (variable selon chaque individu).
Il est important de savoir que pour que la cétose puisse s’opérer, la quantité de glucides absorbée ne doit pas dépasser 5 %. Dans le cas contraire, les glucides seront utilisés comme combustibles pour produire de l’énergie mais leur quantité s’avérant insuffisante, l’organisme devra transformer les protéines en glucose entraînant une production d’ammoniac puis d’acide urique par le foie. Cette réaction fatigue les reins et peut provoquer une forme d’arthrite particulièrement douloureuse qu’on nomme communément crise de goutte.
Le régime cétogène préconise une consommation importante de graisses de bonne qualité.
Les aliments qu’il recommande sont : la viande, le poisson avec une alternance entre poisson gras et maigre, la charcuterie, le foie gras, les œufs, fromages, beurre, crèmes fraîches, les huiles (noix, colza, olive, coco), les avocats, olives, amandes, noix, pistaches, les légumes (jusqu’à 150g/repas), quelques fruits peu sucrés (pas plus de 50g/jour) : citron, fruits rouges, papaye, pastèque et du chocolat noir (minimum 85 % de cacao).
Il interdit en revanche la consommation des aliments suivants : pains, viennoiseries, céréales, pâtes, riz, pomme de terre, semoule, maïs, sarrasin, quinoa, légumes secs, plats cuisinés, biscuits, pâtisseries, chocolat contenant moins de 85 % de cacao, bonbons, confitures, miel, la plupart des fruits et les sodas.
Les boissons quant à elles doivent être consommées sans sucre.
Il est essentiel d’être bien suivi si vous souhaitez mettre en place ce régime.
III/ Le régime paléo
Ce régime préconise un retour à une alimentation ancestrale telle qu’elle existait au paléolithique avant le développement de l’agriculture et de l’élevage. Ainsi, ce régime est le mode de vie du chasseur-cueilleur.
On peut considérer cette diète comme une version améliorée du régime sans gluten et sans caséine. En effet, ses adeptes ne consomment aucune céréales ni produits laitiers étant donné que leur consommation nécessite le recours à l’élevage et l’agriculture.
Le régime paléo peut s’avérer utile en cas d’autisme du fait qu’il n’irrite pas la barrière intestinale et que les aliments consommés doivent répondre à des critères de qualité.
En effet, le régime paléo recommande la consommation de produits bio, locaux, des viandes issues d’animaux nourris sainement et non soumis à aucune forme de maltraitance. Il constitue en cela un choix de vie écoresponsable.
Il préconise la consommation des aliments suivants : viandes maigres, poissons, fruits et légumes de saison, œufs, huiles vierge non raffinées de première pression à froid (olive, colza, coco, lin), noix et fruits secs, herbes aromatiques, épices, graines germées, chocolat noir (plus de 80 % de cacao), miel, les tisanes, le café et le thé (en quantités limités)
Il bannit : toutes les céréales qu’elles soient avec ou sans gluten (blé, seigle, avoine, orge, riz, sarrasin, millet, quinoa, sorgho, fonio, …), les produits issus du lait (lait, yaourts, fromage, beurre, crème fraîche,…), les produits industriels, les pains, viennoiseries, sucres, bonbons, les légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots blancs ou rouges, fèves, pois cassés, …), les boissons sucrées.
Le régime paléo pouvant induire des carences, il est nécessaire d’être suivi par un professionnel.
IV/ Le régime GAPS
Il s’agit d’un acronyme anglais désignant Gut And Psychology Syndrome, en français syndrome entéropsychologique.
Il met l’accent sur le lien entre les maladies neurologique (hyperactivité, autisme, Alzheimer, Parkinson,…) ou ayant un retentissement psychologique et l’état de la paroi intestinale.
Il propose de mettre en place une diète particulièrement contraignante qui nécessite un suivi par un professionnel qualifié
Comme pour le régime Low FODMAP, il se déroule en trois phases au cours desquels les aliments seront progressivement éliminés de l’alimentation avant de pouvoir être réintroduits.
Il est toutefois plus difficile à mettre en place, la phase d’introduction étant particulièrement longue (2 ans). Le suivi par un diététicien ou nutritionniste est absolument indispensable pour éviter des erreurs pouvant entraîner des carences.
Pendant la première phase, qui doit permettre d’éliminer les troubles digestifs, on éliminera les aliments suivants : l’ensemble des céréales (seigle, avoine, blé, orge, triticale, riz, amarante, maïs, millet, sorgho, fonio, quinoa, sarrasin,épeautre, boulghour, tapioca, semoule, …)et les aliments qui en contiennent (pains, viennoiseries, gâteaux, …), le lait et ses dérivés (yaourt, crème fraîche, beurre, fromage, …), les féculents (pommes de terre, ignames, topinambours, patates douces, panais, manioc, arrow-root, taro, …), le sucre et tout ce qui en contient, les légumes secs (lentilles, pois chiches, pois cassés, fèves, soja, haricots mungo, …). Cette phase s’effectue selon un protocole défini qu’un professionnel est plus à même de vous expliquer.
Lors de la deuxième étape, il sera possible de réintroduire les aliments afin de constater lesquels provoquent des troubles digestifs.
La troisième phase visera à stabiliser le régime alimentaire en éliminant uniquement les aliments qui se sont avérés problématiques en phase 2.
Il existe un large choix de régimes alimentaires pouvant être bénéfiques aux personnes présentant un trouble du spectre autistique. Il est primordial de déterminer celui qui sera le moins contraignant à mettre en place afin de donner toutes les chances à sa réussite. Pour cela, un suivi par un professionnel est absolument indispensable.