Chez un autiste les troubles du comportement n’apparaissent pas sans raison. Un élément déclencheur (que ce soit un besoin physiologique, une douleur ou un besoin d’exprimer quelque chose) est toujours à l’origine des comportements répétitifs, d’agitation voire d’agressivité (que ce soit contre la personne elle-même ou contre un tiers).
Comment déterminer cette cause ? Quels sont les moyens d’y remédier ?
I/ Les troubles du comportement causés par l’ennui
Chez tout enfant, on le sait bien, l’ennui génère des bêtises. Chez un autiste, en particulier s’il est non verbal, ces « bêtises » peuvent prendre la forme de comportements agressifs, d’agitation, de stéréotypies (comme secouer des lacets, agiter ses mains, …).
Il est donc essentiel de proposer à la personne atteinte de TSA des activités variées et enrichissantes en terme cognitif, sensoriel, psychomoteur.
Il faudra veiller à alterner entre des activités éducatives, artistiques et sportives permettant également de lutter efficacement contre le stress qui constitue un autre facteur de troubles du comportement.
II/ Les troubles du comportement générés par les difficultés de communication
Ces troubles concernent quasi exclusivement les autistes non verbaux. En effet, chez ceux présentant une communication verbale efficace, de tels troubles surviennent rarement à l’exception des cas où la personne ne parvient pas à faire comprendre clairement le message qu’elle souhaite délivrer.
Il convient donc de lutter contre ces troubles en offrant à la personne un accès à une communication efficace au moyen d’un outil de communication alternatif et/ou augmenté (CAA) tel que le PECS ou le Makaton.
III/ Douleurs et troubles du comportements
On ne le dira jamais assez mais les douleurs peuvent être une source majeure de troubles du comportement.
Un enfant surtout non verbal qui a mal le manifestera par divers moyens : prostration, agitation, cognement de la tête (pouvant éventuellement causé des dommages au cerveau).
Face à de telles manifestations, il convient de rechercher une éventuelle douleurs.
Certaines d’entre elles semblent évidentes : une personne qui a une fracture manifestera des douleurs à intervalles réguliers. Il sera alors aisé de la traiter par l’administration d’un antalgique adapté jusqu’à guérison.
D’autres douleurs sont en revanche plus difficiles à cerner et nécessite une observation rigoureuse de la personne pour déterminer une récurrence, des symptômes évocateurs, …
Trois grands types de douleurs sont relativement observés de manière récurrente chez les autistes :
les maux de tête : ils peuvent être particulièrement violent en fonction de l’individu. Face à une personne qui se cogne fréquemment la tête, la première cause à retenir pourrait être effectivement qu’elle souffre de migraine. Un suivi par un neurologue peut être souhaitable pour y remédier.
Les douleurs au ventre : il est démontré qu’environ 80 % des autistes souffrent de troubles digestifs. Il n’y a rien d’étonnant donc à ce qu’une personne présentant des diarrhées, constipation, ballonnements aie également mal au ventre. À ces douleurs chroniques, il convient d’ajouter les maladies aiguës et inflammatoires (exemple : gastro-entérite) pouvant éventuellement constituer une urgence vitale telle qu’une crise d’appendicite ou une occlusion intestinale. En cas de doute, les services d’urgence ne vous reprocheront pas de vous assurer que votre enfant ne présente pas un tel risque.
Les douleurs dentaires : il s’agit là sans doute d’une des douleurs pouvant être identifiée plus aisément. Pour cela, un suivi régulier chez un dentiste est indispensable. Certaines associations peuvent vous aider à trouver un dentiste spécialisé adapté à votre enfant comme rhapsod’if (uniquement pour l’Ile de France) ou soss.fr. Récemment, l’association Dent’Adom a également lancé un programme permettant à des personnes âgées, isolées ou en situation de handicap résidant en Ile de France de bénéficier de soins dentaires à domicile.
IV/ Hypersensibilité et troubles du comportements
Des sensations aversives peuvent provoquer chez un autiste des réactions parfois sévères. On adaptera les réponses en fonction du type d’hypersensibilité :
auditive : généralement facile à identifier (la personne ayant tendance à se boucher fréquemment les oreilles) on peut y remédier grâce à l’utilisation d’un casque antibruit.
gustative : souvent associée à une hypersensibilité tactile liée à certaines textures, leur identification permet d’évincer les aliments posant problèmes.
lumineuse : si vous observer chez votre enfant des réactions intenses face aux lumières, optez pour un éclairage tamisé notamment au moyen d’un variateur de lumière ou d’un jeu de lumière apaisant. Évitez les ampoules trop brillantes en particulier dans la chambre et éventuellement éclairez-la uniquement au moyen d’une veilleuse.
tactile : certaines textures sont aversives pour les autistes (ce ne sont pas forcément les mêmes d’un individu à l’autre). Dans ce cas, il convient de les identifier et d’éloigner la personne afin d’éviter les troubles associés.
olfactive : plus délicate à identifier, les odeurs pouvant être particulièrement volatiles, l’hypersensibilité olfactive nécessite d’isoler la personne de la source d’odeur aversive.
V/ La faim et la fatigue source de troubles du comportement
Face à un autiste non verbal celui-ci manifestera ses besoins physiologique (sommeil, faim) par divers comportement comme de l’agitation ou de l’agressivité. Il est donc souhaitable qu’il dispose d’un moyen de communication afin de faire part de ses besoins élémentaires.
VI/ Le stress générateur de troubles du comportement
Généralement, un autiste manifestera sa gêne face à des situations stressantes par divers troubles (agitation, stéréotypies, cris, voire agressivité, …).
De nombreuses solutions pour réduire le stress existent notamment des remèdes naturelles :
des plantes tels que le tilleul (qui présente l’avantage d’être utilisable même chez les plus jeunes), la camomille, la valériane ou la passiflore (à partir de 6 ans) qui agissent également pour faciliter le sommeil.
Les huiles essentielles (toujours demander l’avis d’un professionnel qualifié avant utilisation en particulier chez les enfants) telles que la lavande vraie, la bergamote, l’orange douce, …
l’exercice physique et le contact avec la nature qui ont un impact positif sur l’organisme et favorise le sommeil et la détente.
L’aménagement d’un espace Snoezelen adapté à la personne (en ayant recours par exemple à des éléments lumineux tel que les colonnes à bulles, lampes à laves, veilleuse, …, auditifs comme une boîte à musique, des instruments,…).
CONCLUSION :
Déterminer les causes des troubles du comportement chez les autistes est essentiel pour parvenir à y remédier car aucun traitement n’est en mesure de les éliminer. La recherche de la cause est en revanche toujours la clé pour améliorer l’état des autistes et leur permettre d’avoir une vie sereine et épanouie. Cette recherche est parfois difficile à mener et demande dans certains cas de la patience et de nombreux tâtonnement mais mérite d’être menée dans l’intérêt de nos proches autistes.