La dyspraxie toucherait environ entre 50 et 80 % des autistes. Elle fait partie des troubles associés à l’autisme (ou comorbidités).
Ce trouble invalidant entraîne des difficultés notamment dans l’acquisition de l’écriture.
Il convient de nous interroger sur : qu’est-ce que la dyspraxie ? Qu’est-ce que la recherche sait sur ce trouble ? Comment le prendre en charge ?
I/ Qu’est-ce que la dyspraxie ?
Le mot dyspraxie vient du grec dys indiquant une difficulté, un trouble et praxie signifiant action, mouvement.
La dyspraxie évoque donc un trouble de la coordination, de la motricité fine.
Il s’agit d’un trouble neurodéveloppemental
Elle affecte l’individu dans tous les gestes de la vie quotidienne.
II/ La dyspraxie chez les autistes
On note souvent chez les personnes atteintes de TSA des troubles du tonus musculaire comme une hypotonie (manque de tonus) ou des raideurs entravant la fluidité des mouvements.
On peut aussi observer des troubles de l’équilibre : beaucoup d’autistes ont tendance à tomber facilement.
Les difficultés dans l’acquisition de la motricité fine sont aussi nombreuses et nécessitent des interventions par des spécialistes (psychomotricien, ergothérapeute, …).
Le graphisme est également très déficitaire avec une écriture difficile à lire parfois même pour celui qui écrit.
III/ Les différentes formes de dyspraxie
Il existe plusieurs formes de dyspraxie affectant un ou plusieurs domaines. Voyons plus en détails ces différentes formes.
La dyspraxie peut être :
– constructive affecte les activités où il est nécessaire d’assembler que ce soit pour les actes de la vie courante (bricolage, couture, menuiserie) ou les jeux (types légos, puzzles, …).
– constructive visuo-spatiale concerne la réalisation des gestes, des troubles du regard (se traduisant par des difficultés dans l’organisation de la motricité des troubles oculaire) ou des troubles de la construction de certains composants de la spatialisation.
– non constructive entraîne des difficultés liées à la successivité des tâches à réaliser et dans la séquentialité des gestes.
– idéatoire correspond aux difficultés à manipuler des outils (exemple : outils de bricolage, aiguilles de couture) et entraîne souvent des gestes maladroits potentiellement dangereux pour l’utilisateur. Il n’est pas rare que les personnes affectées par cette forme de dyspraxie se blessent.
– idéomotrice est une difficulté à imiter des gestes en l’absence d’objets à manipuler, à imiter les gestes de l’autre. Cette forme est relativement fréquente chez les autistes.
– de l’habillage provoque des difficultés à se vêtir de manière adéquate. Les habits peuvent être mis à l’envers, la personne rencontre des difficultés à boutonner, nouer des lacets, enclencher une fermeture éclair, …
– orofaciale englobe les difficultés à réaliser les gestes simples ou complexes du visage et des organes de la phonation comme souffler, siffler, faire des bulles mais également déglutir. Un travail orthophonique permet de pallier à ces difficultés.
-une dysgraphie dyspraxique affecte la qualité de la production écrite en particulier l’acquisition de l’écriture cursive.
Il est important de souligner qu’un individu peut être affecté par une ou plusieurs formes de dyspraxie en même temps. Ainsi, il n’est pas rare de voir une personne atteinte à la fois de dyspraxie constructive, visuo-spatiale et idéatoire.
IV/ La prise en charge de la dyspraxie
Elle est nécessairement pluridisciplinaire.
Un travail psychologique peut s’avérer judicieux dans certains cas notamment chez les enfants présentant une anxiété, un sentiment d’échec voire des troubles dépressifs.
L’accompagnement comprendra des séances de psychomotricité afin de travailler sur la motricité fine et globale, la relation du corps à l’espace, le schéma corporel, la latéralisation, …
On y adjoindra une prise en charge par un ergothérapeute pour permettre à l’enfant d’utiliser des outils qui seront adaptés à son handicap, améliorer la coordination oeil-main, la précision des mouvements.
Des séances d’orthoptie pourront permettre de rééduquer l’enfant en cas de dyspraxie constructive visuo-spatiale avec trouble du regard.
Les séances d’orthophonie permettront quant à elle de travailler sur les troubles orofaciaux ainsi que la dysgraphie.
Il est essentiel de prendre en charge le plus tôt possible la dyspraxie chez l’enfant autiste afin de ne pas laisser s’accumuler les difficultés et de permettre à l’enfant de pouvoir progresser dans de bonnes conditions. Sa prise en charge peut en effet avoir un impact sur les troubles du comportement.