L’hygiène chez les autistes est un apprentissage long et difficile.
Se laver, aller aux toilettes, se brosser les dents exigent un apprentissage spécifique. L’enfant doit en effet être en mesure d’identifier les signaux indiquant un besoin de se rendre aux toilettes ou qu’il s’est sali.
Du fait des particularités sensorielles des autistes ses signaux peuvent effectivement ne pas être perceptibles et nécessitent donc des aménagements afin de rendre l’enfant autonome en ce qui concerne son hygiène.
Quels sont les aides qui peuvent être apportées afin d’améliorer l’autonomie des enfants autistes ? Nous allons les étudier en fonction de chaque geste à accomplir
I/ Hygiène et toilettes
Le retrait des couches est de loin l’apprentissage le plus compliqué chez les autistes.
En raison des particularités sensorielles, beaucoup d’entre eux ne parviennent pas à identifier les signaux indiquant qu’ils ont besoin de se rendre aux toilettes.
Il est donc nécessaire de les y emmener très fréquemment.
Il faut cependant rendre ce passage agréable et motivant. Certains enfants peuvent en effet avoir peur des toilettes. Les aménager en offrant la possibilité à l’enfant d’y jouer (au moyen d’un jouet qu’il affectionne particulièrement) ou de lire peut s’avérer très bénéfique.
Pour les tout petits encore en âge d’utiliser un pot, on le choisira attractif pour l’enfant (exemple : pot ressemblant à un véhicule, un animal ou en collant des gommettes, des autocollants qui lui plaisent). Il est possible de recourir à un réducteur de toilettes (de préférence avec marche) avec des motifs et couleurs attrayants.
Pour les plus grands (cet apprentissage peut souvent se faire sur des années), l’usage d’un séquentiel détaillant les étapes du passage aux toilettes est fortement conseillé.
Dès que l’enfant effectue une tâche du séquentiel, il vous suffit de retirer le pictogramme correspondant pour lui montrer qu’il a bien réalisé la tâche correspondante et qu’il peut passer à la suivante. Petit à petit, il parviendra de lui-même à retirer chaque pictogramme l’amenant à devenir autonome dans cet acte.
Il est souhaitable également de lui rappeler qu’il doit faire aux toilettes et non pas dans la couche sans le faire culpabiliser. Pensez également à le féliciter voire à le récompenser avec un aliment qu’il aime (mais pas trop souvent) ou une activité, un jeu dès qu’il fait ses besoins aux WC.
Il peut être intéressant d’établir un profil sensoriel de Dunn afin de déterminer ce qui pourrait être handicapant en terme sensoriel dans cet apprentissage.
Par ailleurs, certains enfants peuvent présenter une forme de propreté partielle, les selles s’avérant souvent plus problématiques mais l’enfant réussissant à faire plus ou moins systématiquement pipi aux toilettes. Dans ce cas de figure il est intéressant de s’interroger sur la cause du blocage (l’enfant ne sent pas l’envie de pousser, des douleurs le bloquent, …) pour tenter d’y remédier.
II/ Hygiène corporelle
Certains enfants adorent l’eau tandis que d’autres en ont une peur effroyable. Pour ces derniers, l’apprentissage s’avère alors extrêmement compliqué.
Là aussi, le profil sensoriel est intéressant pour identifier les blocages.
Ce peut être par exemple une aversion au contact physique. Dans ce cas, il sera alors souhaitable d’accélérer l’autonomie de l’enfant en le laissant se laver seul.
Pour d’autres, il peut s’agir d’un refus d’avoir l’eau qui coule sur le corps : dans ce cas, il suffit d’opter pour un bain au lieu d’une douche.
Pour ceux présentant une phobie de l’eau, un travail psychologique s’avère alors indispensable.
Il y a enfin des enfants qui détestent tout simplement avoir de l’eau (ou du shampooing) dans les yeux ou les oreilles. Dans ce cas, une casquette de douche (il en existe aussi avec cache-oreilles) peut être suffisante pour rendre le bain agréable.
Il est toujours souhaitable (et cela est vrai pour tous les enfants en général) de rendre le moment du bain le plus ludique possible. N’hésitez pas à proposer à l’enfant l’utilisation de tasse (dans des matériaux incassables bien évidemment) avec lesquelles il pourra s’asperger (et ma foi tant pis si la salle de bain se transforme en piscine), faire des transvasements. Proposez aussi des jouets de bains, des livres en plastique,…
Pour les plus grands, l’usage des séquentiels permet de rendre l’enfant plus autonome (nous avons déjà vu son utilisation dans le paragraphe consacré aux toilettes).
III/ Hygiène des dents
Il est souhaitable ici encore de recourir aux séquentiels. D’une manière générale, le recours à des supports visuels permet aux autistes d’accéder à une meilleure compréhension et de faciliter leur autonomie. Cela est vrai aussi bien pour les enfants que pour les adultes.
Il existe même des outils sur tablette pour faciliter cet apprentissage
Le brossage des dents est un apprentissage délicat. En effet, beaucoup d’autistes présentent des difficultés concernant la sphère de l’oralité.
Encore une fois, le profil sensoriel favorise l’identification des blocages.
Il peut être nécessaire d’y aller par étapes en effectuant une désensibilisation.
Certains enfants préfèrent les brosses à dent électriques (la sensation de vibration leur étant agréable) tandis que d’autres sont gênés par le bruit qu’elles émettent (dans ce cas il est conseillé de recourir à une brosse à dent manuelle).
L’usage d’un sablier ou minuteur est également fortement recommandé.
Pour conclure, il est toujours nécessaire de valoriser l’enfant dans ses apprentissages. N’hésitez pas à le féliciter dès qu’il fait preuve d’autonomie, proposez lui en récompense des activités ou occasionnellement des aliments (tels que bonbons, gâteaux, …) qu’il aime. Ne le culpabilisez pas en cas d’accident et essayez de relativiser. Ne vous découragez pas.
Deux-minutes-pour.org propose également des vidéos gratuites dans lesquelles vous pourrez dénicher des conseils utiles afin de faciliter l’autonomie de votre enfant.