En France, on compte environ 23000 adultes autiste travaillant en ESAT (soit 5 % de la population avec autisme) et seulement 0,5 % de travailleurs en milieu ordinaire.
Ces chiffres témoignent du retard qu’accuse la France en matière d’accès à l’emploi des personnes en situation de handicap.
Pour comparaison, le taux d’occupation d’un emploi des adultes autistes est de l’ordre de 42 % en Australie, 15 % au Royaume Uni et 58 % chez les 18-25 aux États Unis.
Malgré des adaptations réalisées pour permettre aux autistes de pouvoir vivre dignement grâce à leur travail, il reste encore beaucoup de chemin afin de rendre la société plus inclusive.
Faisons le point sur les possibilités qui s’offrent aux adultes avec autisme que ce soit en matière de recherche d’emploi ou d’aménagement du poste de travail.
I/ La recherche d’emploi pour les personnes atteintes d’autisme
1) le job coaching
Ce service a pour but d’aider la personne autiste lors du processus de recrutement, l’entretien d’embauche, les aménagements du lieu de travail et les relations avec les collègues de travail.
C’est le tout premier service auquel un adulte avec TSA devrait faire appel afin de pouvoir accéder et se maintenir dans l’emploi.
Le job coach est là pour aider la personne à mieux comprendre ce qu’il faut faire ou ne pas faire (notamment les codes sociaux), lui apprendre comment se valoriser, dresser un bilan de compétences, définir le projet professionnel.
Il accompagne la personne dans toutes les étapes de la vie professionnelle aussi longtemps que nécessaire.
2) Les aides diverses pour la recherche
En association avec le job coaching, il est possible d’accéder à différents dispositifs tel que :
– les groupes d’habiletés sociales pour se préparer par exemple à l’entretien d’embauche.
– le conseil en image afin de se construire une image professionnelle.
– la pair-émulation qui consiste en un coaching entre personnes autistes.
Diverses associations offrent par ailleurs leur soutien aux personnes en situation de handicap.
Vous pourrez en trouver quelques unes sur les sites des Centres Ressources Autisme.
Nous citerons par exemple Aspiejob (site internet : www.aspiejob.org) spécialisé dans le travail des personnes atteintes du syndrome d’Asperger ou Auticonsult (site : https://auticonsult.fr) pour le secteur de l’informatique.
II/ Le maintien dans l’emploi en cas d’autisme
La vie en entreprise exige de disposer de certaines capacités d’adaptation pour lesquelles une aide extérieure peut s’avérer utile. Certains points sont donc à définir avant l’entrée en entreprise.
1) Dire que l’on est atteint d’autisme (ou pas) ?
C’est une décision qui n’appartient qu’à vous.
Il est vrai que l’un comme l’autre présente des avantages et des inconvénients.
Vous pouvez également choisir de n’informer de votre autisme que certaines personnes (notamment votre employeur). Évaluons chacune des situations.
a) Vous choisissez de ne dévoiler votre autisme qu’à un nombre restreint de personnes
Dans ce cas il s’agira probablement de votre hiérarchie. Parmi les avantages on trouvera :
– la possibilité pour l’employeur de bénéficier des aides de l’État pour l’emploi de travailleur en situation de handicap notamment des exonérations de charges.
– la possibilité de bénéficier d’aménagements dans votre travail que ce soit en terme sensoriel (par exemple : modulation de l’éclairage, du bruit), du temps de travail (pauses plus fréquentes ou décalées pour éviter les mouvements de foule, possibilité de télétravail) ou matériel (outils visuels, matériel adapté en cas de difficultés motrices ou sensorielles).
– votre handicap n’étant connu que d’un nombre limité de personnes (surtout s’il s’agit de personnes de confiance) vous vous sentirez moins stigmatisé.
Quant aux inconvénients, nous citerons :
– vos collègues de travail risquent peut être de voir les aménagements dont vous faites l’objet comme un traitement de faveur injustifié
– face à votre comportement atypique certains vous trouverons bizarre et risquent même de se montrer agressifs en raison de vos difficultés à comprendre les codes sociaux.
b) Vous choisissez d’informer de votre autisme sans restriction
On retrouve comme avantage les possibilités d’aide pour l’employeur et d’aménagements cités précédemment.
A cela s’ajoute le fait que vos collègues connaissant votre handicap, ils seront plus enclins à comprendre vos difficultés.
Cela suppose cependant d’informer sur ce qu’est l’autisme (et surtout ce qu’il n’est pas).
En ce qui concerne les inconvénients nous évoquerons principalement la stigmatisation et les préjugés concernant l’autisme mais aussi le risque que l’on vous donne des tâches en dessous de vos compétences.
Vous pouvez aussi être accompagné dans ce choix par une tierce personne (professionnel du secteur médico-social, job coach).
c) Vous choisissez de n’en informer personne
Avantages :
– vous êtes considéré comme n’importe quel employé
– vous n’avez pas à répondre aux questions et préjugés concernant votre autisme
Inconvénients :
– vous devez toujours faire attention à ce que l’on ne découvre pas votre autisme
– votre employeur ne peut bénéficier des aides de l’État
– vous ne pouvez obtenir d’aménagements
– vos collègues peuvent mal interpréter vos comportements et vous risquez alors d’être stigmatisé.
Il vous appartient bien sûr de décider quelle décision vous paraît être préférable pour vous. Chacun à sa sensibilité vis à vis de ce qui lui est supportable ou pas. Les éléments énoncés ci-dessus ne sont destinés qu’à vous aider à y voir plus clair en ce qui concerne les bénéfices et risques liés à chacun des choix.
2) Les possibilités d’aménagements
Aménager un bureau isolé et éliminer les sources de gêne, comme les stimulations :
– visuelles (ex : éclairages, mouvements),
– olfactives (ex : bureau installé à proximité de l’espace de pause déjeuner).
Autoriser l’utilisation d’un casque pour s’isoler du bruit
Offrir la possibilité de faire du télétravail
Adapter le rythme de travail (temps partiel, pauses)
Adapter les horaires de travail afin d’éviter les heures de pointe dans les transports en commun
Structurer les tâches (planning de travail, déroulement) avec des consignes claires (écrits, dessins et/ou photos)
III/ L ‘autisme et les emplois adaptés
Pour en bénéficier, il faut avant tout obtenir la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) auprès de la MDPH.
1) Les ESAT (Établissement ou service d’aide par le travail)
Ces établissements offrent la possibilité à des travailleurs handicapés ne pouvant travailler en milieu ordinaire ou en entreprise adaptée de bénéficier d’un emploi rémunéré ainsi que d’un accompagnement médico-social. Le salaire en ESAT est compris entre 55 % de 110 % du SMIC soit entre 4,79 € et 9,58 € de l’heure.
2) Les entreprises adaptées
Ce sont des entreprises du secteur privé régies par le code du travail qui emploient au moins 80 % de salariés en situation de handicap.
Ces entreprises signent un contrat d’objectif triennal avec les services de l’État afin de bénéficier d’aide à l’embauche de travailleur handicapé.
Les travailleurs y bénéficient d’un emploi adapté à leurs capacités.